Au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, il est considéré comme une organisation terroriste par l’Union européenne et les États-Unis.
TF1info fait le point sur ce que l’on sait de ce mouvement.
La stupeur a été totale, samedi 7 octobre. Le Hamas a lancé une attaque d’une envergure et d’une violence jamais vues sur le territoire israélien, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés. Ce groupe, considéré comme terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, est au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007. Dirigé par Ismaïl Haniyeh, le Hamas est aussi bien un mouvement politique qu’armé qui affiche un but : la destruction de l’État d’Israël. TF1info vous explique qui est ce groupe terroriste et comment il fonctionne.
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Qu’est-ce que le Hamas ?
Le Hamas a été créé en 1987 dans la foulée de la première Intifada (“insurrection”) palestinienne dans le camp de réfugiés gazaouis de Jabaliya. Son nom est un acronyme partiel de “harakat al-muqâwama al-’islâmiya” qui signifie “mouvement de résistance islamique”. Il a été fondé par trois hommes issus des Frères musulmans et est dirigé, depuis 2017, par Ismaïl Haniyeh, lui-même ayant succédé à Khaled Mechaal, à la tête du mouvement entre 1996 et 2017. À la fois organisation politique et armée, via les brigades Izz al-Din al-Qassam, il est considéré comme terroriste par la plupart des nations occidentales : les États-Unis, le Canada et l’Union européenne, mais aussi par l’Égypte ou les Émirats arabes unis.
Le mouvement est particulièrement implanté à Gaza. Il a pris son essor en 1993 avec son rejet des Accords d’Oslo et mène, depuis, des actions ultra-violentes contre les civils israéliens. Côté politique, il a assis son ancrage dans le territoire gazaoui en 2005, après l’évacuation unilatérale par l’État hébreu de la bande de Gaza et le démantèlement des colonies israéliennes. Il décide alors de participer au processus politique palestinien – qu’il boycottait jusqu’à présent – et remporte les élections locales et législatives face au Fatah, parti de Mahmoud Abbas. S’ensuit un conflit fratricide entre les deux mouvements qui fait plus de 600 morts et se termine en 2007.
C’est à la suite des affrontements que le Hamas prend définitivement le pouvoir à Gaza pendant que le Fatah conserve son leadership en Cisjordanie. La guerre entre les deux mouvements conduit l’Égypte et Israël à fermer leurs frontières avec la petite bande de terre. Une décision qui conduira à la première guerre entre Gaza et Israël en 2008. La première d’une longue liste : 2008, 2012, 2014, 2021 et désormais 2023.
Que veut-il face à Israël ?
Le Hamas n’a jamais reconnu l’État d’Israël. Le mouvement terroriste a d’ailleurs édicté une charte en 1988 qui déclare que la Palestine a été donnée aux Musulmans par Dieu et que tous les Musulmans doivent s’engager dans le Jihad – la “Guerre sainte” – contre les ennemis qui “usurpent” les terres islamiques. Il y rejette catégoriquement la solution des deux États, qui implique qu’Israël et le peuple palestinien vivent côte à côte et se reconnaissent mutuellement. Un texte amendé en 2017 qui accepte, à titre provisoire, les frontières qui existaient avant la guerre des Six jours en 1967, mais qui qualifie toujours Israël d’entité “illégitime” et “illégale”, le considérant comme un “ennemi de la nation arabe et islamique” et une “menace pour la sécurité internationale”.
Le Hamas accuse Israël d’oppresser le peuple palestinien et de violer les droits humains à Gaza. Mais le mouvement est lui-même accusé de multiples violations des droits de l’Homme dans le territoire, et notamment d’exécutions sommaires, d’enlèvements et de tortures. En 2022, selon Amnesty International, le mouvement terroriste a procédé à l’exécution publique de cinq Palestiniens accusés d’espionnage pour le compte d’Israël. Il a aussi mené une politique de captures d’otages. Le cas le plus connu, avant la guerre de 2023, étant le soldat Gilad Shalit, capturé par des militants en 2006 et détenus durant cinq ans avant d’être finalement libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers en 2011.
Par qui est-il soutenu ?
Si le Hamas est considéré par beaucoup comme une organisation terroriste, il bénéficie de quelques soutiens. Il entretient des relations avec la Turquie, le Qatar et l’Iran. Téhéran offre d’ailleurs un soutien miliaire, financier et politique au mouvement terroriste. Accusé d’être derrière la sanglante attaque de samedi, le pays a cependant démenti, lundi, toute implication. “Il est trop tôt pour dire” si l’Iran est “directement impliqué” dans cette offensive et les États-Unis n’ont “pas d’indication” en ce sens pour l’instant, a déclaré la Maison-Blanche, ajoutant toutefois n’avoir “pas de doute” sur le fait que le Hamas était “financé, équipé et armé” entre autres par la République islamique.
Téhéran a déclaré pour sa part “soutenir la légitime défense de la nation palestinienne” et un conseiller militaire du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a salué la “fière” offensive du Hamas. Le mouvement terroriste est également considéré comme proche du Hezbollah libanais, lui-même financé par l’Iran. Le Hezbollah a d’ailleurs tiré des “obus d’artillerie et des missiles guidés” dimanche sur des positions de l’État hébreu dans un secteur contesté à la frontière entre le Liban et Israël. Une opération menée “en solidarité avec le Hamas palestinien”, a affirmé le groupe libanais.
Pourquoi attaque-t-il maintenant ?
Depuis le début de l’année, les tensions entre Israël et le Hamas ont connu un nouveau regain de violence. Avant l’attaque du mouvement terroriste palestinien, l’année 2023 était déjà l’une des plus meurtrières depuis des décennies dans la région. Cette guerre intervient également alors qu’Israël est dirigé par le gouvernement le plus à droite de son histoire et que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses soutiens ont largement relancé la colonisation dans les territoires palestiniens, avec un projet de construction de près de 5000 nouveaux bâtiments dans ses colonies en Cisjordanie.
Par ailleurs, l’attaque du Hamas intervient en pleine normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, et notamment l’Arabie saoudite. Une entente qui pourrait constituer une menace potentielle pour l’influence de l’Iran dans la région, alors que cette guerre met Ryad dans une position délicate.